Basket: Wembanyama, tireur d'Elite
2,21 m au-dessus du championnat. A 18 ans, le prodige de Boulogne-Levallois Victor Wembanyama écrase l'Elite individuellement et pourrait battre plusieurs records avant son départ vers la NBA, à la fin de la saison.
L'incroyable série s'est arrêtée avant le choc au sommet dimanche à Levallois (Hauts-de-Seine) entre les Metropolitans 92 et le leader, Monaco: avant la défaite à Roanne le 4 décembre (102-77), lors de laquelle il a été limité à 15 points, Wembanyama avait aligné quatre matches de suite à 30 unités ou plus (33, 30, 30 et 32).
Une première depuis près de 30 ans (l'Américain Mike Jones avec Cholet entre décembre 1993 et janvier 1994), et une première tout court pour un Français, selon le site Internet de référence Proballers.
Il a en revanche, pour sa troisième saison, rejoint Antoine Rigaudeau (Cholet) et Tony Parker (PSG Racing) dans le cercle des joueurs ayant atteint les 500 points (544) avant leurs 19 ans.
Interrogé par l'AFP, l'ancien international Richard Dacoury ne voit "aucune" comparaison possible entre "Wemby" et ces deux glorieux anciens, autres phénomènes de précocité: "Il est hors norme de tout ce qui a pu exister auparavant. (Rigaudeau et Parker) aussi talentueux soient-ils, n'avaient pas au même âge le même potentiel ni talent que Victor."
Surtout, le meneur-arrière et le meneur n'ont jamais terminé meilleur marqueur du championnat.
Wembanyama l'est lui actuellement, avec une moyenne de 23,3 points inscrits.
Selon les statistiques de la Ligue nationale de basket (LNB), il faut remonter à 2003-2004 pour retrouver trace d'un meilleur marqueur (en fin de saison) avec une moyenne supérieure (Rick Hughes, 24,1 pts avec Strasbourg).
Le dernier Français à avoir terminé avec au moins 20 points au compteur de moyenne est Yann Bonato (20 pts avec Limoges en 1996-1997, après ses 23,3 pts sous le maillot du PSG Racing en 1994-1995), alors qu'Edwin Jackson est lui le dernier tricolore à avoir fini meilleur marqueur (18,2 pts avec l'Asvel en 2013-2014).
- Quatre catégories -
Wembanyama ne se contente pas de trôner en tête du classement des meilleurs marqueurs. Il domine aussi, signe de son incroyable panoplie, les catégories rebonds (9,3 en moyenne), contres (3,1) et évaluation (26,5).
Aucun Français n'a jamais terminé meilleur rebondeur du championnat et le dernier à avoir tutoyé les sommets dans cette catégorie est Dounia Issa en 2009-2010 avec Vichy (10,8).
Idem, jamais un Français n'a fini en tête à l'évaluation, Stéphane Ostrowski se classant deuxième de la catégorie en 1990-1991 avec Limoges (28,9).
L'Américain Paul Fortier en 1995-1996 est lui le dernier joueur à avoir affiché en fin de saison une meilleure évaluation que Wembanyama actuellement (27,1 avec Le Mans).
"Des Américains exceptionnels, énormes scoreurs, il y en a eu dans le championnat. Mais Wembanyama est beaucoup plus complet et a un potentiel hors norme, du jamais vu au niveau mondial. Je n’arrive pas à déterminer où il va s'arrêter en terme de progression, d'épanouissement, d'impact sur le jeu" commente Dacoury.
"Sa seule présence sur le terrain bouleverse le rendement de son équipe et celui de l'équipe adverse. A tous les niveaux, il est un +game changer+. C'est invraisemblable, invraisemblable" ajoute l'ancien ailier, qui entend en profiter encore "quelques mois" dans le championnat de France.
Avant qu'il ne parte à la conquête de la NBA et de sa draft, le 22 juin 2023, dont il est le grand favori. Il pourrait là encore faire tomber une nouvelle barrière, puisque aucun Français n'y a jamais été choisi en première position.
(V.Blanchet--LPdF)