Beaune fait une ouverture sur le financement des transports d'Ile-de-France
Le dialogue semble renoué entre le gouvernement et Ile-de-France Mobilités (IDFM), le ministre délégué aux Transports Clément Beaune ayant promis "un soutien de l'Etat" afin d'éviter une hausse de 20% des tarifs des transports publics franciliens l'an prochain.
Le torchon brûlait depuis plusieurs mois entre l'exécutif et la présidente d'IDFM Valérie Pécresse. L'ancienne candidate LR à la présidentielle cherche 450 millions d'euros pour boucler son budget de fonctionnement 2023 qu'elle doit faire adopter mercredi. Or, celui-ci ne peut pas être en déficit.
Si le gouvernement ne permet pas à IDFM de trouver de nouvelles formes de financement, les tarifs pourraient augmenter de 20%, menace Mme Pécresse, jugeant elle-même cette solution "inacceptable". L'abonnement mensuel Navigo passerait de 75,20 à 90 euros et le ticket de métro à l'unité de 1,90 à 2,30 euros.
"Oui il y a des discussions, et oui l'Etat aidera pour 2023", a assuré mardi matin M. Beaune sur RTL.
"Il y aura un soutien de l'Etat pour que les usagers soient mieux protégés. (...) Ma responsabilité de ministre des Transports, c'est d'aider la région pour aider les usagers", a-t-il déclaré, rappelant que les tarifs sont "fixé(s) par la région qui a cette compétence".
A cet égard, M. Beaune évoque la région Ile-de-France alors qu'il s'agit d'IDFM, autorité organisatrice associant la région aux départements, les deux institutions étant présidées par Valérie Pécresse.
"Je souhaite qu'il n'y ait pas de hausse significative, parce que je pense que ce ne serait pas soutenable dans la période d'inflation que l'on vit", a commenté Clément Beaune mardi.
Le ministre ne s'est toutefois pas avancé sur la forme que prendrait l'aide de l'Etat, notant que les 450 millions d'euros à trouver étaient "le chiffre que donne la région".
"On n'a aujourd'hui aucune proposition concrète sur la table", a réagi auprès de l'AFP la direction d'IDFM. "Les ministres se succèdent et se contredisent", a regretté l'entourage de Valérie Pécresse, pointant du doigt une certaine "cacophonie gouvernementale".
- Jeux Olympiques -
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'était montré très ferme lundi matin.
"C'est compliqué pour moi d'aller expliquer à quelqu'un qui habite à Nantes, à Nevers ou à Romorantin que je vais prendre de l'argent public qui lui appartient aussi pour aider la région la plus riche de France", avait-il attaqué.
Au même moment, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal semblait plus ouvert.
"C'est un dossier suivi à très haut niveau, par la Première ministre (Elisabeth Borne), les ministres concernés. On va continuer à travailler avec elle (Valérie Pécresse, ndlr) pour trouver des solutions, pour l'aider", avait-il déclaré.
Confrontée à une forte hausse de ses coûts liée à l'inflation et à la flambée des prix de l'énergie, l'autorité régionale des transports doit trouver 950 millions d'euros pour boucler son budget de fonctionnement 2023.
Elle a réuni 300 millions venus de la région Ile-de-France et des départements, de la RATP et la SNCF, et compte faire 200 millions d'économies.
Il lui reste donc 450 millions d'euros à trouver, à répartir entre une augmentation des tarifs et des ressources nouvelles qui ne pourront être dégagées que si l'Etat fait un geste, selon ses calculs.
Valérie Pécresse, qui ne veut ni baisser l'offre de transport - qui doit tout juste remonter à 100% -, ni renoncer à ses investissements, a demandé à l'Etat de pouvoir augmenter le versement mobilité - une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 employés - dans les zones les plus denses.
Une telle mesure devrait permettre de limiter la hausse du Navigo à 80,80 euros par mois.
Les autres propositions, comme une baisse de la TVA sur les billets de 10 à 5,5% (dont IDFM aurait empoché la différence), ont déjà été retoquées et ne sont plus d'actualité, selon son entourage.
Dans une délibération qu'elle doit soumettre mercredi au conseil d'administration d'IDFM, l'élue a menacé de suspendre une série de paiements liés à de grands projets pilotés par l'Etat, à commencer par la préparation des jeux Olympiques et le métro du Grand Paris, si le gouvernement ne fait pas de geste.
(F.Moulin--LPdF)