Le Pays De France - Le Burkina Faso échappe à de nouvelles sanctions ouest-africaines

Paris -
Le Burkina Faso échappe à de nouvelles sanctions ouest-africaines

Le Burkina Faso échappe à de nouvelles sanctions ouest-africaines

Le Burkina Faso a échappé jeudi à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui va cependant demander aux militaires qui y ont pris le pouvoir le 24 janvier, un calendrier rapide de retour à l'ordre constitutionnel.

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"Nous allons rapidement demander aux autorités burkinabè de proposer un calendrier clair et rapide pour un retour à l'ordre constitutionnel", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat, un participant à un sommet des dirigeants ouest-africains à Accra.

En attendant, "il n'y a pas eu de nouvelles sanctions contre le Burkina Faso", a-t-il ajouté.

"Il nous faut réfléchir sur ces coups d'Etat malgré les sanctions que nous prenons", a de son côté déclaré le président sénégalais Macky Sall, selon des propos rapportés par un de ses proches à l'AFP.

Présent au sommet, le représentant spécial de l'ONU en Afrique de l'Ouest et au Sahel (Unowas), Mahamat Saleh Annadif, "a souligné l’importance de coordonner davantage les efforts de la Cédéao, l’Union Africaine, et les Nations unies pour assurer une transition rapide" au Burkina, indique un communiqué.

L'Afrique de l'Ouest a été déstabilisée par quatre coups de force en 18 mois, deux au Mali, un en Guinée et le plus récent au Burkina Faso.

Un autre pays de la région, la Guinée Bissau, a été le théâtre mardi d'une tentative de coup d'Etat, avorté, qui a fait onze morts, selon le gouvernement.

Lors d'un premier sommet virtuel tenu après le putsch à Ouagadougou, les dirigeants ouest-africains avaient décidé de suspendre le Burkina Faso des instances de la Cédéao et d'envoyer deux missions sur place, l'une militaire, l'autre ministérielle.

Les chefs d'Etat, présents à Accra, ont entendu le compte-rendu des participants à ces deux missions qui avaient rencontré le nouvel homme fort du Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Après ses rencontres, la ministre des Affaires étrangères du Ghana, Shirley Ayorkor Botchwey, avait parlé lundi de "discussions franches" et trouvé la junte "très ouverte aux suggestions et aux propositions" de la Cédéao.

Avec d'autres membres de la délégation, elle avait pu rencontrer le président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée et qui, avaient-ils dit, va "très bien", exigeant sa libération.

- Damiba, "calme et posé" -

Le lieutenant-colonel Damiba est "calme, posé et très réceptif", a confirmé un diplomate ouest-africain qui l'a aussi rencontré.

La semaine dernière, lors de sa seule déclaration publique depuis sa prise de pouvoir, M. Damiba a assuré que son pays, en proie à des attaques jihadistes régulières depuis 2015, avait "plus que jamais besoin de ses partenaires" internationaux.

Outre le Burkina, la situation au Mali voisin, également en proie à la violence jihadiste, devait également être étudiée au sommet d'Accra.

La Cédéao a lourdement sanctionné en janvier la junte du colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second putsch, en mai 2021.

Ces sanctions - fermeture des frontières avec les pays de la Cédéao, embargo sur les échanges commerciaux et transactions financières notamment - punissent le projet des militaires de continuer à gouverner pendant plusieurs années, et leur engagement non tenu d'organiser en février des élections qui auraient ramené des civils à la tête du pays.

Ces derniers jours, la tension est encore montée d'un cran entre la junte malienne et les pays partenaires du groupement européen de forces spéciales Takuba qui lutte contre les groupes jihadistes, France en tête.

Pour l'Allemagne, l'engagement militaire européen au Mali doit être réévalué après l'expulsion annoncée par Bamako de l'ambassadeur de France, Joël Meyer.

Depuis des insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, le Mali est livré aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, et aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense et des bandits.

Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d'exactions.

La question de la Guinée, également suspendue des instances de la Cédéao, était également au menu des discussions à Accra.

Le colonel Mamady Doumbouya, au pouvoir depuis un coup d'Etat en septembre, est visé avec les membres de sa junte par des sanctions.

Il a promis de rendre le pouvoir aux civils, tout en refusant de se laisser dicter un délai pour la transition.

Plusieurs chefs d'Etat présents jeudi devaient quitter Accra pour aller directement à Addis-Abeba, assister à un sommet de l'Union africaine.

(H.Leroy--LPdF)